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Actualité

TRIBUNE. Le bureau est mort, vive le bureau !


Déjà testé à plus petite échelle lors des grèves de la fin d’année 2019, le télétravail s’est imposé, pour certaines entreprises, comme l’unique planche de salut face au premier confinement d'abord, puis face au second aujourd'hui. Cette expérience inédite en 2020 va avoir des répercussions sur le long terme et redéfinir le rôle des différents lieux et espaces de travail. Ludovic Delaisse, Directeur Général de Cushman & Wakefield France, livre sa réflexion.

Conséquence de la crise sanitaire et économique que nous traversons, le télétravail a pris une nouvelle dimension.

Point de vue

« Accueillons sa généralisation comme un véritable progrès pour nos organisations, mais ne faisons pas l’impasse sur le défi qu’il nous adresse : concevoir l’espace de bureau de demain. »

Ludovic Delaisse, Directeur Général Cushman & Wakefield France

Si jusqu’ici le télétravail faisait l’unanimité dans son principe, son ampleur restait, il y a peu de temps encore, très marginale dans la pratique. En effet, seulement 31 % (1) des salariés l’avaient adoptée, dont 20 % de manière régulière, c’est-à-dire au moins une fois par semaine. Ce chiffre cachait néanmoins une grande hétérogénéité selon les secteurs d’activité et le type de salariés concernés (essentiellement les cadres et les salariés de moins de 29 ans). Il occultait également de vraies disparités sociologiques, puisqu’étaient exclues du grand jeu de la flexibilité en entreprise, les professions intermédiaires et les employés.

Ces derniers mois, le télétravail est devenu une réalité bien tangible, cette fois pour le plus grand nombre des salariés du secteur tertiaire. L’absolue nécessité de poursuivre l’activité a balayé d’un coup tous les freins, obstacles et autres réticences. Bien qu’opéré actuellement en mode dégradé, ce test grandeur nature a mis en lumière l’efficacité de cette pratique et dissipé certaines craintes.

Dans un premier temps au moins, le télétravail n'a pas amoindri l’engagement des salariés. Après quelques mois, en revanche, les limites de cette solution de flexibilité ont été exposées au grand jour, au niveau technique bien sûr, mais également sur le plan social. Après trois semaines de télétravail à peine, les collaborateurs regrettaient déjà l’absence de contacts humains avec leurs collègues, la porosité difficile à gérer entre vie professionnelle et personnelle et même les trajets, qui représentent un sas de décompression et marquent clairement le début et la fin d’une journée de travail. Ces frontières sont essentielles pour l’équilibre de vie. De plus, la perte des aspects personnels et affectifs, de l’intuitu personæ, a nuit grandement à certains métiers.


Il y aura un avant et un après

Néanmoins, un changement de paradigme est en train de se dessiner. Post-crise sanitaire, nous assisterons à l’intensification du télétravail, tant sous l’impulsion des entreprises que sur la demande des collaborateurs. Selon une enquête Corenet, réalisée auprès de directions immobilières au niveau mondial, 72 % des personnes interrogées estiment que l’usage intensif du télétravail va perdurer après la crise et 78 % entrevoit le même avenir pour le recours au meeting virtuel.

Même si la culture asiatique est très éloignée de la culture latine, la flèche du temps sanitaire orientée du levant vers l’occident nous impose de tirer également les enseignements issus du redémarrage désormais total de l'activité en Chine. Dans le monde entrepreneurial chinois, désormais en mode business as usual depuis de longues semaines déjà, seulement 21 % des entreprises chinoises sondées (2) envisagent de changer totalement leurs modes organisationnels et d’adopter à l'avenir une plate-forme de travail à domicile / à distance. Par contre, l’amélioration de l'expérience du travail à distance pour conserver l'engagement et la productivité suscite une volonté d’investir pour 81% d’entre elles.

Ces quelques chiffres préfigurent très certainement de ce qu'il va se passer en Europe. Hier, le télétravail était une mesure parmi tant d’autres pour faciliter le travail des collaborateurs. Aujourd’hui et probablement demain à nouveau, c’est une question de survie et de pérennité, de continuité de service. Les entreprises doivent se préparer à sublimer l’expérience des collaborateurs et entamer une réflexion sur leurs modes organisationnels, leurs espaces de travail, et sur la multiplicité des usages de leurs espaces de bureaux.

Mort et renaissance du bureau

Hier, les bureaux incarnaient le lieu du travail par excellence. Demain, ils cristalliseront davantage la collaboration, les échanges et l’interaction sociale. Ils serviront à créer du lien, à stimuler le sentiment d’appartenance et l’image de l’entreprise. Ils se convertiront en hubs collaboratifs, en points de rendez-vous pour les équipes et les clients. La physionomie des bureaux va donc devoir évoluer. Le besoin de flexibilité et ce nouveau rôle à incarner par l’immeuble de bureau se traduiront par l’essor des espaces modulables ou réversibles permettant de s’adapter aux besoins des collaborateurs au fur et à mesure de la journée de travail.

Jusqu’à ce jour, la réduction du nombre de mètres carrés alloués à chaque collaborateur, parfois à outrance, faisait consensus. La réflexion autour de la hausse du taux d’occupation du poste de travail (occupé en moyenne par 1,2 collaborateurs) a donc débouché mécaniquement sur la volonté de le faire partager par plusieurs individus. Je serai très étonné si la crise sanitaire n’avait pas un impact direct sur la densification et l’acceptation même du concept de desk sharing. A l’avenir, partagerons-nous notre espace de travail personnel comme nous le faisions par le passé, sans contrevenir aux injonctions sanitaires ? Une enquête réalisée par la Chaire « workplace management » de l’Essec Business School (3) nous donne déjà une première tendance : 47% des collaborateurs sondés estiment que l’aménagement des espaces n’est plus adapté aux besoins, notamment sanitaires. L’économie tertiaire de l’organisation spatiale du monde d’après est donc à revoir de fond en comble, afin d’utiliser les mètres carrés de manière plus sure, protectrice et intelligente.

A nous de réinventer notre rapport au bureau, véritable théâtre d’expression de l’identité de marque, dans lequel clients et collaborateurs viendront indéfiniment créer, échanger et expérimenter.

Certes, d’un point de vue strictement économique, seule l’optimisation des surfaces permettra d’en libérer pour de nouveaux usages. Mais ne nous trompons pas d’objectif en chemin. Les économies spatiales réalisées devront permettre d’investir différemment, dans de nouveaux services toujours plus innovants voire même dans un nouveau rapport à l’urbanité. Par exemple, en prenant des surfaces plus réduites mais dans des quartiers plus accessibles et dynamiques. Boostons l’attractivité de nos entreprises auprès des talents, actuels et futurs ! Envisageons également une organisation reposant sur des tiers-lieux satellites, complémentaires au siège social, venant enrichir l’offre de lieux de travail mise à disposition des salariés. Plus proches de leur domicile, ces nouveaux lieux pallieraient les limites du home office : les collaborateurs auraient ainsi accès à leurs outils, à du matériel informatique et bureautique de plus grande qualité, à une connexion adaptée à un usage professionnel,… Mais surtout, à l’échange incarné, autrement plus riche de sens que son émule digital sur écran splité ! Entendons et répondons favorablement à l’appel de Julie Sweet, PDG monde d’Accenture, interrogée récemment par Time Magazine, en anglais dans le texte : « I say this to anyone who will listen, personal engagement face-to-face remains a critical part of success » !

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L’immobilier d’entreprise va être profondément impacté par cette crise sanitaire. Il en sera de même pour l’immobilier résidentiel. Les logements vont devoir intégrer de nouveaux services et s'adapter eux aussi, à une réversibilité des usages durant la journée. Nous l’avons tous vécu, une fois l’éponge passée, la table de cuisine redevient le bureau…. Et vice-versa. Accordons-nous sur un point, si la réversibilité des espaces est devenue nécessaire, elle n’est certainement pas pour autant souhaitable tous les jours, toute la semaine !

Pour toutes ces raisons, je ne crois pas à une pratique généralisée du home office en 2021. Telle une colonne vertébrale, les bureaux resteront toujours indispensables pour les entreprises et leurs collaborateurs. Le sentiment d’appartenance et les échanges humains nourrissent le leadership, attisent l’envie de se dépasser et permettent plus rapidement les apprentissages.

Et n’ayons pas peur des mots, à l’heure de ce nouveau déconfinement, j’ai retrouvé avec plaisir, comme au mois de mai, le chemin du bureau. Et vous ?

(1)Étude Évolution des pratiques numériques, nouveaux besoins immobiliers – Cushman & Wakefield / Wiredscore - Décembre 2019 (2)Étude Post Covid-19 - Recovery Readiness - Cushman & Wakefield China - Mars 2020 (3)Étude « Mon bureau post-confinement » de la Chaire « workplace management » de l’ESSEC Business School – Mai 2020

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